• Pacte budgétaire: Pourquoi un «non» irlandais déstabiliserait l'Irlande et l'UE

    Le couple Irlande-UE sortirait fragilisé d'un «non» au référundum irlandais sur le pacte budgétaire européen

    Le couple Irlande-UE sortirait fragilisé d'un «non» au référundum irlandais sur le pacte budgétaire européen THIERRY CHARLIER/AP/SIPA

    CRISE DE LA DETTE - Alors que le «pacte budgétaire» vital pour l'UE a été décidé au bout d'interminables négociations, l'Irlande va soumettre la décision de son adoption à un référendum, mettant en péril la place du pays au sein d'une UE dont l'unité serait à nouveau menacée...

    Le référendum irlandais sur la ratification du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire se tiendra d’ici quelques semaines, aucune date n’ayant toutefois été encore précisée. Les Irlandais, attachés à leur souveraineté et opposés à l’harmonisation fiscale imposée par l'Allemagne et la France, rejoindraient le Royaume-Uni et la République tchèque aux rangs des contestataires de ce pacte qui a pour but de mettre un terme à la crise de la dette dans la zone euro.

    Entre européanisme et insularité, une décision délicate pour l’Irlande

    La Grande-Bretagne en s’isolant en décembre dernier a mis l’Irlande dans l’embarras quant à la direction à prendre. Les deux pays sont unis par des liens politiques et économiques de longue date et par leurs intérêts communs, notamment en matière de fiscalité et de protection du secteur financier. Une taxe sur les transactions financières au niveau européen serait par exemple mal accueillie, tant l’Irlande est financièrement liée au Royaume-Uni, qui lui n’y serait pas soumis. 

    Mais en cas de nouvelle victoire du «non», l'Irlande aurait du mal à se maintenir dans la zone euro, a averti le mois dernier le ministre irlandais des Affaires européennes, malgré un niveau de croissance modérée retrouvé. Une place au sein de l’Union européenne qui a été néanmoins source de croissance pour l’Irlande depuis son entrée en 1972. D’autant qu’à l’instar du Portugal, qui va recevoir une nouvelle aide, l’Irlande pourrait avoir besoin de fonds supplémentaires dans les mois futurs pour poursuivre son désendettement (son renflouement se boucle en 2013). Or, si le pacte est rejeté, les Irlandais perdront les bénéfices du fonds de secours (le futur MES) auquel ils ont pourtant eu recours en 2010 – un prêt de 85 milliards d'euros  –, comme le Portugal justement mais également au même titre que la Grèce.

    Un «non» irlandais de plus qui déstabiliserait l’Europe sans la stopper

    «Je crois fermement que l'intérêt de l'Irlande est que ce traité soit approuvé», a précisé le chef du gouvernement qui entend présenter un refus comme un «suicide économique». Dans le même temps, une autre partie de la gauche irlandaise s'est aussitôt lancée dans la campagne pour le «non», symbole du mécontentement envers la politique d'austérité. L'Irish Times rapporte que le ministre irlandais des Finances aurait déclaré à propos du référendum que «cela reviendrait à demander aux Irlandais s'ils veulent rester ou non au sein de la zone euro.» Un couac qui serait donc de taille pour l’union monétaire européenne.

    L'Irlande et 24 autres pays de l'UE se sont pourtant mis d'accord en janvier sur ce pacte destiné à renforcer la discipline budgétaire. Ce texte doit désormais être ratifié par chaque pays. Si les Irlandais disent non, le pacte ne s’appliquerait alors qu’aux seize autre pays, renforçant l’image d’une Europe à plusieurs vitesses. Les insulaires s’étaient déjà opposés en 2001 et 2008 aux traités fondamentaux de l’UE de Nice et de Lisbonne. Une situation à laquelle l’UE a déjà fait face, mais jamais durant une conjoncture aussi difficile économiquement.

    Ce pacte budgétaire, quiprévoit la mise en place de la «règle d'or» pour freiner les déficits, rentrera toutefois en vigueur dès que 12 pays l'auront ratifié, preuve que les dirigeants européens prévu cette fois-ci la possibilité d’une opposition nationale. Le traité ne serait alors contraignant que pour les seuls signataires, avec des sanctions automatiques pour les pays ne le respectant pas. Les négociateurs du texte avaient même pris soin de retirer l'obligation pour les pays signataires d'inscrire la règle d'or dans leur constitution, dans l'espoir ainsi d'éviter des procédures trop lourdes ou des référendums.

    L’Irlande, avec cette opposition, renforcerait l’image d’une Union européenne désunie qui tente pourtant avec ce pacte budgétaire de se trouver une harmonie économie et politique. «Le risque, si l'Irlande dit non, c'est que cela refroidisse tout le monde et que cela envoie un mauvais signal pour le traité» qui devra être ratifié par tous les pays, dit le diplomate. Ce pourrait être le cas notamment en France, où le candidat socialiste à l'élection présidentielle de fin avril et début mai, François Hollande, demande déjà sa renégociation. A deux jours d'un nouveau conseil européen axé sur la signature de ce pacte.

    Bertrand de Volontat
    20 Minutes.fr
    « Heureux comme un habitant d'Irlande du Nord Histoire de la fête de la St Patrick »
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  • Commentaires

    1
    Esclarmonde Profil de Esclarmonde
    Vendredi 2 Mars 2012 à 13:55

    je ne connais pas ce traité MES, je n'ai pas cherché des liens sur ce texte qui pourtant, est probablement important. je n'en attend rien de bon j'avoue vu l'idéologie super libérale qu'il y a aux plus sommets de l'Europe. Quant à l'Irlande, j'ai l'impression de vivre un remake de la ratification du Traité de Lisbonne où le vote populaire n'a pas été vraiment entendu. Je te souhaite un bon week-end

    Esclarmonde

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